Des dizaines d’études ayant pour objectifs de mesurer effets bénéfiques de la supplémentation en créatine sur les performances musculaires et même sur l’amélioration des fonctions cérébrales, cependant seules quelques unes ont analysé les effets secondaires de la créatine sur les reins mais ont soit été mal menées, soit effectuées sur des rats, et leurs résultats sont contradictoires. Les chercheurs brésiliens ont donc voulu réaliser une nouvelle expérience plus rigoureuse afin de déterminer précisément les effets secondaires de la supplémentation en créatine sur les reins : en plus de la sélection très soignée des participants, ils n’ont pas utilisé la créatinine pour mesurer la qualité de la fonction rénale mais une autre méthode plus efficace (et onéreuse) qui consiste à mesurer le taux de cystatine C. En effet le taux de créatinine sanguin est habituellement utilisé pour mesurer l’état des reins, cependant la créatine se converti spontanément en créatinine : une supplémentation en créatine augmente donc naturellement le taux de créatinine dans le sang et fausse les résultats.
Les volontaires ont été sélectionné suivant plusieurs critères : ils devaient avoir entre 18 et 25 ans, avoir un style de vie sédentaire depuis au moins 7 ans, ne pas avoir de maladie rénale ou cardiovasculaire, être non-fumeur, et ne pas être végétarien. Les caractéristiques des sujets sont présentés dans le tableau suivant :
Les sujets ont été distribué au hasard dans les groupes CR (supplémentés en créatine) et PL (supplémentés en placébo) et n’avaient pas connaissance de leur groupe. Les sujets ont ensuite suivi 12 semaines d’exercice physique modéré : trois séances de course à pied par semaine à intensité modérée (70% de la VO2max), ces entraînements étaient obligatoires et 4 individus ont été exclus pour avoir loupé trop de séances. Les individus supplémentés en créatine devaient prendre 0,3g/kg par jour durant la première semaine, et 0,15g/kg ensuite ce qui représente plus de 5 fois les doses habituellement recommandées. Le déroulement de l’expérience est représenté dans schéma ci-dessous :
La pureté de la créatine utilisée était de 99,9%, tous les individus ont suivi le même régime alimentaire c’est-à-dire qu’ils ont consommé chaque jour le même nombre de calories, la même quantité de protéines, de lipides et de glucides comme le montre le tableau ci-dessous :
Malgré les doses de créatine relativement élevées (on recommande habituellement de ne pas faire de phase de charge et de prendre 0,03g de créatine par kilogramme de poids de corps) aucun effet secondaire n’a été relevé, ni par les encadrants, ni par les patients eux-mêmes.
Après 12 semaines d’entraînement, comme on peut le voir dans le premier tableau de l’article, le taux de graisse ainsi que le poux ont tout deux diminués et la distance parcourue par entraînement a significativement augmenté, les autres paramètres sont restés inchangés.
Le taux de créatinine a augmenté légèrement chez les personnes supplémentés en créatine, il a cependant baissé chez les personnes prenant un placébo.
Les taux de cystatine C ont quand a eux baissés pour les deux groupes, et de manière plus significative pour le groupe supplémenté en créatine.
Le niveau de créatinine était significativement plus bas pour le groupe ayant pris du placébo, que pour le groupe supplémenté en créatine ce qui pourrait indiquer un dysfonctionnement des reins. Cependant si l’on regarde le taux de cystatine C on voit qu’il a fortement baissé au cours des 12 semaines et cela pour les deux groupes mais plus significativement chez le groupe supplémenté en créatine. Est-ce contradictoire ? Non, comme nous l’avons fait remarquer précédemment la créatine se change spontanément en créatinine, ce qui a pour effet d’augmenter les taux de créatinine chez les individus supplémentés en créatine et c’est pour cela que les chercheurs ont choisi d’utiliser les cystatine C pour mesurer le fonctionnement des reins (comme pour la créatinine, plus le taux de cystatine C est bas, meilleur est le fonctionnement des reins). Les taux de cystatine C étant plus faibles pour le groupe créatine que pour le groupe placébo, on en déduit que la créatine pourrait avoir amélioré les fonctions rénales des sujets de ce groupe.
Ce qui est remarquable dans cette étude c’est que les 3 mois d’entraînement ont eu pour effet de baisser le taux de cystatine C dans les deux groupes, ce qui suggère une amélioration des fonctions rénales dans les deux cas. L’étude aurait été plus complète si les chercheurs avaient ajoutés un groupe supplémenté en créatine et ne suivant pas les entraînements, on ne peut donc pas en déduire si la supplémentation en créatine a un effet bénéfique sur le fonctionnement des reins des hommes sédentaires.
Le but de cette expérience était d’identifier les effets de la créatine sur les reins, en effet plusieurs autres études avaient déjà été faites sur ce sujet mais les protocoles utilisés n’étaient pas assez fiable et les résultats ne permettaient pas de conclure. Là où cette étude ce démarque des autres est qu’elle utilise la cystatine C pour évaluer le bon fonctionnement des reins.
De fortes doses de créatine ont été utilisées dans le cadre de cette expérience (les doses normalement recommandées sont 10 fois inférieures), et l’on a observé une baisse du taux de cystine C dans les deux groupes, ce qui signifie une amélioration du fonctionnement des reins dans les deux cas due à l’exercice physique. De plus cette baisse est plus forte pour le groupe supplémenté en créatine, cette dernière semble dont avoir un effet bénéfique sur le fonctionnement des reins.
Cette étude permet donc de conclure que la supplémentation en créatine en complément d’un exercice physique approprié permet d’améliorer les fonctions rénales. Il faudrait cependant une étude supplémentaire pour savoir si la supplémentation en créatine seule permet d’améliorer les fonctions rénales.
La créatine aide beaucoup d’athlètes, et en particulier les pratiquants de musculation, à construire leur masse musculaire plus rapidement. L’acide aminé travaille comme une batterie dans les cellules musculaires : elle peut se charger elle-même en utilisant des phosphates. La supplémentation en créatine permet d’augmenter sa concentration dans les cellules musculaires, lors d’un effort l’ADP se couple à la créatine phosphate pour former de l’ATP. La supplémentation en créatine permet donc de former plus rapidement de l’ATP lors d’un effort. En d’autres termes vos muscles disposent de plus d’énergie plus rapidement et vous augmentez ainsi le nombre de répétitions que vous êtes capable de faire à un exercice, ce qui stimule d’avantage vos muscles.
Les chercheurs de l’Université Saint-Francis-Xavier sont allés plus loin et se sont demandés s’il était possible d’utiliser la créatine pour protéger un muscle inactif. Ils ont fait une expérience sur des jeunes adultes de 18 à 25 ans qui n’avaient jamais utilisé de la créatine auparavant qui est la suivante : les membres du premier groupe ont eu un bras immobilisé par un plâtre, et ont pris un placébo pendant une semaine, les membres de l’autre groupe ont eu droit au même traitement mais avec une supplémentation en créatine de 20g par jour.
Voici les résultats obtenus après une semaine :
1RM correspond au poids maximum soulevé en une répétition.
La force et l’endurance ont été divisé par plus de 2 dans le groupe supplémenté par un placebo, cet effet est significativement plus important que dans le groupe supplémenté en créatine.
Source : J Strength Cond Res. 2009 Jan;23(1):116-20
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L’influence de la créatine sur l’absorption du glucose par les muscles n’est pas nouvelle, cette relation est si forte que les médecins commencent à penser qu’il faudrait utiliser la créatine comme un médicament afin de lutter contre le diabète de type 2. En effet les personnes atteinte d’un diabète de type 2 sont insensible à l’insuline et ne fabriquent plus assez d’hormone. Cela entraîne une diminution de l’absorption du glucose par les cellules.
Les chercheurs ont voulu savoir si la créatine rendait les cellules musculaires plus sensible à l’insuline, ils ont donc mis en place l’expérience suivante sur 6 jeunes adultes en bonne santé : Ils ont donné un placébo à la moitié d’entre eux, et l’autre moitié a pris de la créatine pendant douze semaines. La première semaine les individus du second groupe ont effectué une phase de charge en créatine à hauteur de 24g par jour, puis en ont 12g par jour les onze semaines suivantes.
Ils ont tous suivi un entraînement : 45 minutes de course à pied trois fois par semaine à 70% de leur VO2max. Des mesures sur leur tôt de glucose ont été faite juste avant le début de la supplémentation, et durant la 4eme, 8eme et 12eme semaine après le début de l’expérience afin de mesurer la vitesse à laquelle le glucose disparaissait de leur sang. Plus ce phénomène se produisait rapidement, plus le glucose était absorbé par les muscles.
Les chiffres montrent que la combinaison de l’entraînement et de la supplémentation en créatine augmente l’absorption du glucose par les muscles. Mais est-ce que la créatine influence aussi le taux d’insuline ?
Pour répondre à cette question, les chercheurs ont mesuré la concentration d’insuline au levé. Les chercheurs s’attendaient à ce que la créatine augmente la sécrétion d’insuline. Mais ce ne fût pas le cas.
Ils n’ont trouvé aucun effet significatif, mais les cellules musculaires absorbaient tout de même plus de glucose : phénomène qui est lié au taux d’insuline. Selon eux les muscles ont probablement produit plus de transporteur de glucose GLUT4, l’autre hypothèse possible est une augmentation de la production d’IGF-1 par les cellules musculaires, ou encore que les cellules musculaires ont gonflé ce qui a entraîné une plus forte consommation de nutriments par osmose.
Ces résultats sont encore une preuve de l’importance de la supplémentation en créatine chez les athlètes. Pour les médecins ces résultats montrent que les mécanismes de fonctionnement de la créatine sont encore mal connus.
Source : J Nutr. 2008 Nov;138(11):2212-6
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