Jean-Paul Curtay bonjour, merci d’avoir accepté cette interview sur le vitamine E, vous êtes nutrithérapeute, auteur de nombreux ouvrages à succès dont la nutrithérapie, dont le régime Okinawa et bien d’autres, vous êtes membre de l’académie des sciences de New York entre autres.
Est-ce que vous pouvez nous rappeler les actions de la vitamine E, l’importance de la vitamine E, et on verra après qu’il y a une certaine controverse sur ce sujet qui est pour vous, je sais, un sujet important.
Oui, la vitamine E est moins connue que la vitamine D ou la vitamine C, la vitamine E fait partie des vitamines solubles dans les graisses. Comme la vitamine A, la vitamine D, la vitamine E et la vitamine K et les caroténoïdes. Par ailleurs, elle fait partie des antioxydants, c’est à dire que comme elle est soluble dans les graisses, elle va protéger de l’oxydation nos graisses. Donc les graisses qui circulent dans le sang, par exemple le cholestérol, tout ce qui circule dans le sang, les triglycérides, ça va protéger de l’oxydation ces graisses, ça a une très grande importance pour le cœur et les vaisseaux on le verra.
C’est vraiment la vitamine anti-âge.
C’est une vitamine déjà protectrice cardiovasculaire et anti-âge absolument du comportement lipidique, mais si vous voulez des lipides on en a partout donc on en a dans le sang qui circulent, ensuite dans les membranes des cellules, puisque à l’origine on pense même que les cellules se sont formées grâce à des goutes d’huiles : quand vous faites la vaisselle par exemple, vous lavez votre saladier, les goutes d’huiles qui tombent dans l’eau ça fait des boules, ce que l’on appelle les micelles, parce que l’eau est repoussée par la graisse. Donc, si vous voulez, quand il y a eu les ancêtres de notre ADN qui sont apparus dans la mer, puisque l’on sait aujourd’hui que la vie s’est développée dans la mer, il fallait se protéger de tout ce milieu agressif et donc ces goutes de graisse permettaient de se réfugier, de faire une niche, c’est pour ça que toutes nos membranes sont faites de graisse. On a 100 mille milliards de cellules qui forment notre peau, notre cerveau, tout ce que l’on est, et donc la membrane c’est des graisses.
Dans quels aliments trouve-t-on cette vitamine E ?
Alors la vitamine E protège nos lipides qui circulent dans le sang, nos lipides de membranes, on la trouve dans les produits gras puisque ce sont, pour les mêmes raisons, les végétaux utilisent la vitamine E pour se protéger du rancissement, le rancissement en fait c’est l’oxydation des graisses. Donc, par exemple, le blé va dans le germe de blé accumuler de la vitamine E pour protéger ses propres graisses. Donc on retrouve de la vitamine E dans quelques végétaux mais surtout dans les huiles, et forcément dans l’huile ça va être concentré.
Quel type d’huile ?
Par exemple l’huile de tournesol, toutes les huiles contiennent de la vitamine E. Certaines plus que d’autres par exemple l’huile de germe de blé c’est la plus riche, mais ce n’est pas une huile de consommation courante. Et on en trouve dans d’autres produits gras comme les poissons par exemple.
Et le soja ?
Dans le soja un petit peu.
Et quelles sont vos recommandations ? Si l’on fait un dosage sur l’ensemble de la population on va trouver quel pourcentage de la population carencé ? Et qu’est ce que vous recommandez lorsque l’on est carencé ?
Alors, la vitamine E fait partie, comme la vitamine D et le magnésium, de nutriments qui sont très mal apportés par l’alimentation, je dirais les plus mal apportés. Pourquoi ? Parce que la vitamine E est moins rare que la vitamine D dans l’alimentation mais toujours associée à des graisses. Donc quand vous consommez l’aliment : par exemple l’huile, il y a de la vitamine E dedans, mais les graisses de l’huile utilisent la vitamine E pour se protéger du rancissement donc quel est la vitamine E qui reste disponible pour vous, pour vos graisses à vous ? Donc il y a des équipes qui ont montré que, dans les aliments les plus riches en vitamine E, il y avait parfois assez de vitamine E pour protéger du rancissement les graisses de l’aliment mais pas assez pour protéger vos graisses à vous donc ça n’apporte rien. Il y a même des aliments, comme le maquereau, où l’apport est négatif : c’est à dire qu’il y a plus d’oméga 3 qui sont très insaturés et qui ont besoin de beaucoup de protection. Donc le maquereau, même s’il y a de la vitamine E dedans, vous en pompe encore. Donc quels sont les aliments qui ont plus de vitamine E que nécessaire pour se protéger du rancissement ? On trouve la noisette et l’amende, on trouve l’huile de tournesol et l’huile de germe de blé qui en a un énorme luxe. Le seul problème c’est que l’huile de germe de blé : c’est de l’huile confidentiel bourrée omégacytes yen a trop, l’huile de tournesol : bourrée d’omégacytes et il n’y a pas d’oméga-3 c’est pas les bonnes graisses, et la noisette et l’amende on ne peut pas en manger des quantités considérables. Au total, cela explique le résultat des études, les études gouvernementales comme le Val-de-Marne montrent que c’est 100% de la population qui n’a pas les apports recommandés en vitamine E.
Donc tout le monde doit se supplémenter en vitamine E ?
Je vous explique un petit peu ce que c’est que les apports recommandés : les apports recommandés ont été fait au début du 20eme siècle pour prévenir les carences : par exemple la vitamine C pour prévenir le scorbut, la vitamine D pour prévenir le rachitisme, le fer pour prévenir de l’anémie, ça c’est un premier point. Cette dose était calculée pour la vitamine E à 30 milligrammes, et l’on s’est aperçu que c’était tellement impossible d’apporter 30 milligrammes que l’on a réduit à 10 milligrammes l’apport en se disant « ha c’est pas possible donc on le coupe par trois » en 1979, ça été fait par les américains et le monde à copié car il faut être réaliste c’est pas possible. Mais il faut 30 milligrammes pour ne pas faire de carence, or quel est l’apport moyen journalier ? Il est de 4,5 milligrammes moyens par jour, étude du Val-de-Marne, chez les français. Donc on a moins du sixième de la dose nécessaire pour ne pas faire de carence. Et cette dose pour ne pas faire de carence n’est pas la dose optimale, parce que vous êtes supplémentés tous les jours par des polluants de l’extérieur, parce que vous vieillissez et en vieillissant on fait des radicaux libres qui vous font rancir vos graisses, vos graisses de membranes et vos graisses circulant. Et il faut, les doses protectrices, sont des doses supérieures qui commences à partir de de 67 jusqu’à 100 et quelques milligrammes par jour. Donc le décalages entres les apports réels, 4,5 milligrammes par l’alimentation, et les besoins réels sont très importants. Donc c’est la seule chose qui justifie un complément : ce que l’on peut faire par l’alimentation ne relève pas d’un complément, vous choisissez de bons aliments point. Là on a un problème, comme la vitamine D, où c’est impossible par l’alimentation, et autant la vitamine D c’est aujourd’hui publié, connu, on connaissait déjà la nécessité pour les enfants et maintenant on généralise mais disons que la vitamine D les médecins, le publique est familier avec, autant la vitamine E là il y a beaucoup d’ignorance : on sait que c’est une vitamine anti-âge qui est utilisée dans les cosmétique… Mais il n’y a pas du tout de clarté, de connaissances et de recommandations et de pratiques surtout quand au diagnostique et la correction des déficits et à une complémentation quotidienne qui permettrait d’éviter ces déficits.
Quels sont vos recommandations concernant la complémentation ?
Si vous voulez si l’on ne se complémente pas, donc on est déficient en vitamine E, ça ne donne aucun signe sauf chez l’enfant, il a des dégradations du système nerveux : par exemple l’enfant qui a un problème de voie biliaire, il absorbe mal les vitamines liposolubles, il fait des maladies neurologiques graves. Mais chez l’adulte il n’y a pas de scorbut de la vitamine E, par contre vous vieillissez plus vite, vous augmentez vos risques de maladie cardiovasculaire qui peut être multiplié parce que les graisses qui se rancissent se déposent dans les artères, les graisses qui sont protégées retournent sous forme de bon cholestérol se faire épurer. Votre vieillissement cérébral augmente, une carence en vitamine E est un facteur favorisant les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, les gens qui manquent de vitamine E sont plus souvent victimes de ces pathologies et en sont aussi victimes plus jeunes. Tout vieillissement, toutes les membranes s’abiment, ce n’est pas que la peau, c’est le cerveau, le cœur les vaisseaux, c’est les organes endocrines, les glandes qui sécrètent les hormones donc c’est un vieillissement généralisé. Donc il faudrait systématiquement complémenter, en fait dès la naissance. Autant le fœtus, grâce au placenta, concentre les vitamines solubles dans l’eau ainsi que les minéraux, autant c’est l’inverse pour les vitamines liposolubles (A, D, E et K), c’est pour ça que l’on est obligé de donner de la vitamine K (contre la maladie hémorragique à la naissance), de la vitamine D (pour le rachitisme), mais la vitamine E personne n’en parle. Or la vitamine E : même problème. Donc, qu’est-ce que ça crée chez l’enfant ? Une hémolyse, c’est à dire que les globules rouges sont violemment agressés par l’oxygène : avant l’enfant respire via l’oxygène transporté par sa mère, il n’est donc pas directement en contact avec l’oxygène et quand il né il est directement en contact avec l’oxygène qui agresse ses membranes, ses globules rouges claquent, c’est pas bon, on est obligé de mettre l’enfant sous lampe et de les séparer de leur mère. Déjà il y a des pédiatres, en particulier au Japon, qui disent « Tous les enfants devraient recevoir à la naissance de la vitamine E comme ils reçoivent de la vitamine K et de la vitamine D ». Donc ils devraient en recevoir, et ce n’est pas le cas. Et ensuite comme il y a une limite technique de l’alimentation qui est incapable d’apporter cette vitamine E, il faudrait donc en avoir tous les jours un petit peu en complément alimentaire.
Quel dosage ?
Alors cette vitamine E devrait être naturelle, pas synthétique, pour des tas de raisons techniques : la synthétique a un effet négatif, c’est pas le cas pour toutes les vitamines mais pour la E c’est important qu’elle soit naturelle. Il faudrait prendre des mélanges de toutes les familles importances de vitamine E : alpha, gamma tocophérol. Ensuite le dosage devrait varier en fonction des âges, de la pollution, du degré de stress, de facteurs cardiovasculaires. Cela va de 30 UI à parfois 10 fois plus, parce que la personne a des facteurs cardiovasculaires, ou un diabète, ou elle est âgées, ou un facteur risque d’Alzheimer, ou elle est polluée car elle a fumé pendant 15 ans. Pour toutes ces raisons, il faudrait prendre des doses supérieures. Une autre recommandation très importante c’est qu’il ne faut jamais prendre de la vitamine E toute seule.
Pourquoi ?
Parce que les vitamines antioxydantes agissent en famille, des études montrent que prendre des antioxydants seuls, on l’a montré pour le carotène, peut avoir des effets négatifs, donc il vaut mieux prendre les vitamines antioxydantes ensemble. La vitamine E doit être naturelle mais associée à de la vitamine C, les caroténoïdes (l’orange, comme de la carotte, du potiron, de l’haricot etc…), mais aussi le rouge de la tomate, le lycopène, qui va dans le prostate et protège d’autres tissus, qui protège mieux du soleil par exemple, et aussi le jaune de la lutéine qui est dans le maïs et qui protège la rétine de la dégénérescence maculaire, la première cause de cécité chez la personne âgée. Il faut donc que ces trois caroténoïdes soient dedans, et aussi le sélénium. C’est le noyau dur d’un complément antioxydant dit classique, c’est une règle : aujourd’hui il ne faut pas prendre les compléments antioxydants seuls, il faut qu’ils soient associés en famille, il faut que la vitamine E soit naturelle, et il faut qu’il y ait les trois caroténoïdes ensembles.
Vous voulez dire qu’une complémentation uniquement de la vitamine E ou de la vitamine D n’est pas recommandé ?
Alors la vitamine D toute seule si, car elle ne fait pas parti de ces vitamines antioxydantes, donc la vitamine D toute seule il ne vaut mieux pas prendre sans magnésium car on risque de calcifier les tissus mous. mais pour tous les antioxydants c’est à dire vitamine E, vitamine C, bêta carotène, et sélénium je vois quasiment aucune indication de les prendre seuls, ils doivent être pris en synergie, en famille. Bon c’est clair que si l’on a un rhume on peut prendre un peu de vitamine C en plus mais la base c’est l’association de ces vitamines antioxydantes, elles ne fonctionnent qu’ensemble
Et c’est une complémentation que vous recommandez toute l’année ?
Alors, il y a une époque on disant « les compléments alimentaires c’est pour la fatigue, on fait une cure et après on s’arrête », ça c’est vrai quand l’hiver on a plus besoin de luter contre les affections parce que l’on est fatigué, parce que l’on fait plus de sport, parce que l’on a des examens, parce que l’on est enceinte, cela reste vrai. Mais pour les compléments de nutriments qui ne sont pas apportés par l’alimentation c’est tous les jours que l’on en a besoin. Tous les jours vous êtes supplémentés par des polluants, tous les jours vous faites des radicaux libres, si pour la vitamine E, pour le magnésium, pour les choses qui vous protègent vous n’en prenez pas le jour là, c’est pas bon. Et au delà de cela même, et je rejoins là les recommandations de l’oncologue collègue Richard Béliveau qui a écrit Les aliments contre le cancer, il a tout a fait raison de dire que non seulement ces vitamines c’est mieux tous les jours, mais au moins deux fois par jour : de répartir, pour des raisons de durée de vie dans le sang, on est mieux protégé si l’on réparti ses doses que de prendre une seule dose le matin et rien le reste de la journée pendant 24 heures. C’est moins bien que de prendre par exemple une dose le matin et une le soir.
D’accord, très bien, merci Docteur Curtay.
Une autre interview du Docteur Curtay est disponible dans cet article : les enjeux de la vitamine D
]]>L’exercice physique augmente la production de radicaux libres, ce qui est une mauvaise nouvelle pour la santé. Dr Kenneth Cooper, l’inventeur du test de Cooper et franc partisan de l’exercice physique, était aussi le défenseur des vitamines antioxydantes pour les athlètes d’endurance. Mais des études récentes montrent qu’elles n’ont aucun effet. Selon ces études le corps humain est parfaitement capable de s’adapter de lui même à une hausse de la production de radicaux libres et prendre des vitamines pourrait perturber cette faculté. C’est ce qu’indiquent les chercheurs allemands dans l’article mentionné précédemment.
Dans l’étude allemande les sujets devaient se soumettre à un entraînement de fitness journalier durant quatre semaines, et se supplémenter avec 1g de vitamine C et 400 IU de vitamine E chaque jour. Les individus du groupe témoin suivaient le même programme sans supplémentation.
Au cours des 12 semaines les organismes des deux groupes se sont habitués à l’entraînement, et il n’y avait aucune différence significative entre les groupes. Le graphique suivant montre la consommation maximale en oxygène pour les deux groupes.
Les analyses des tissus musculaires ont montré que les cellules musculaires dans les deux groupes retenaient plus de glycogène qu’avant l’entraînement. Il n’y a à nouveau aucune différence significative entre les deux groupes.
De plus les mitochondries ont commencé à produire plus d’enzymes capables de convertir la graisse, les glucides et les protéines en énergie. L’une d’entre elles est la citrate synthase, une enzyme clé dans le cycle de Krebs (qui est une série de réactions biochimiques dont la finalité est de produire des intermédiaires énergétiques qui serviront à la production d’ATP dans la chaîne respiratoire). La production de cette enzyme a augmenté de la même quantité dans les deux groupes.
L’entraînement continu force les cellules musculaires à produire plus d’enzymes protectrices. L’une d’entre elles est la manganèse superoxyde dismutase. Le graphique suivant montre la production de cette enzyme a augmenté de façon similaire dans les deux groupes.
L’étude danoise arrive donc comme un soulagement après l’inquiétante publication allemande. Cependant elle est aussi une mise en garde auprès des sportifs qui doivent rester critiques vis à vis des suppléments alimentaires.
Source : Med Sci Sports Exerc. 2010 Jul;42(7):1388-95.
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Quelques études montrent que certains antioxydants comme la vitamine C retardent l’obésité. C’est pour vérifier cette hypothèse que des chercheurs espagnoles ont soumis trois groupes de rats à trois diètes différentes.
Le groupe CAF (pour cafétéria) a été nourri avec une quantité limitée de nourriture standard, c’est-à-dire que la plupart de leur diète contenait des sauces, du bacon, des frites, des cookies, des chips et du chocolat. Dans cette diète 9% de l’énergie provient des protéines, 60% des matières grasses et le reste des glucides.
Le second groupe, CAFVIT, était soumis à la même diète mais avec un supplément de vitamine C (750mg par kg de masse corporelle).
Le tableau ci-dessous montre comment la masse et la composition corporelle ont changé dans ces trois groupes.
Le supplément en vitamine C a inhibé la croissance des tissus graisseux. Après huit semaines, les rats du groupe CAFVIT étaient presque 25% plus légers que les rats du groupe CAF.
Les chercheurs n’ont pas exactement montré comment la vitamine C agit, ils ont mesuré l’activité des gênes des rats et découvert que la vitamine C inhibe les gênes qui sont impliqués dans la production de stéroïdes comme le gêne de la protéine StAR (qui est une protéine de transport impliquée dans la régulation du transfert du cholestérol dans les mitochondries).
Les chercheurs pensent que la vitamine C inhibe la production de cortisol et d’autres hormones qui conduisent à l’obésité. Ils en ont conclu que ce n’est pas uniquement la consommation excessive de nourriture qui augmente l’obésité, mais aussi la consommation de nourriture de mauvaise qualité qui contient trop peu de substances comme la vitamine C. Et si c’est réellement le cas nous ne devrions pas seulement lutter contre l’obésité en obligeant les gens à manger moins, mais plutôt en leur donnant de la nourriture de meilleure qualité, ou une supplémentation en vitamine C.
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