Nutrition : Inverview de Luc Montagnier

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Interview du Professeur Luc Montagnier dans laquelle il nous explique les enjeux d’une alimentation saine et équilibré ainsi que les conséquences d’une consommation abusive de nourriture trop grasse ou trop sucrée, il nous explique comment la supplémentation alimentaire permet de lutter contre le stress oxydatif, tout comme la consommation de fruits et légumes variés.
Le Professeur Luc Montagnier est un biologiste virologue français, prix Nobel de médecine 2008 pour la découverte en 1983 du VIH, il est professeur émérite à l’Institut Pasteur et ancien professeur à l’Université de New York, il est membre des Académies des Sciences et de Médecine.

Transcription texte de l’interview :

Nous sommes ici avec le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine en 2008.
Merci Professeur Montagnier de votre présence avec nous pour cette interview pour Nourriture et Nutrition (Food and Nutrition).
En quelques mots, quelles sont les priorités à considérer aujourd’hui lorsque l’on parle de nourriture, de nutrition et de prévention ?

Cela dépend un petit peu des cultures et des régions du globe n’est-ce pas ? Il y a des régions entière où les gens crèvent de faim ou presque, les problèmes de manque d’eau, par exemple, peuvent être catastrophique et également le fait que le niveau de la mer peut augmenter avec le réchauffement climatique et va inonder des régions cultivées. Donc c’est un gros problème pour ces populations malheureusement et là on ne peut pas parler d’excès de nutrition. Par contre il y a une autre partie du monde où là on peut parler d’excès de nutrition : dans nos pays notamment il y a de plus en plus de gens obèses, et souvent aussi des gens diabétiques car le diabète de type 2 vient après l’excès d’alimentation, les excès surtout de boissons sucrées par exemple. Donc les priorités c’est d’essayer d’éduquer, dans ces cas là, les populations, surtout les jeunes, pour qu’ils ne s’accrochent pas à la télévision pendant des heures en buvant du coca cola, ou tout autres boissons sucrées. Donc je pense que la première priorité c’est l’éducation et l’information, éducation qui vient à l’école mais aussi bien sûr dans les familles car souvent les enfants suivent les habitudes de leurs parents. Et la deuxième chose ce sont les campagnes publiques pour équilibrer la diète, équilibrer la nutrition et surtout donner d’avantages de produits qui sont antioxydants. C’est très important, moi je promu depuis des années le fait que le stress oxydant : un excès de radicaux libres dérivés de l’oxygène vont attaquer nos lipides, nos protéines, notre ADN et causer beaucoup de dommages et donc beaucoup de maladies. On trouve ces symptômes dans les maladies du cerveau : Parkinson, Alzheimer, dans les cancers et les maladies cardiovasculaires. Donc c’est très important de rectifier un peu cet excès par la prise d’antioxydants naturels et donc par l’alimentation. Et ces antioxydants naturels on les trouve dans les fruits frais, dans les légumes, et on les trouve aussi dans les extraits de plantes qui sont pas forcément elles mêmes comestibles. Donc il y a toute une recherche à faire et à implanter pour trouver des produits qui ne sont pas actuellement considérés comme des médicaments, plutôt comme des suppléments alimentaires, mais qui un jour deviendront peut-être des médicaments parce que l’on aura démontré leurs effets par des essais cliniques rigoureux. Donc la recherche dans ce domaine est très importante mais prend beaucoup de temps et beaucoup d’argent et les grands firmes pharmaceutiques ne s’y intéressent pas parce que l’on ne peut pas prendre de brevet sur des produits d’origines naturelles. Donc voila un peu les priorités que je verrais dans le cadre de l’alimentation, bien sûr l’équilibre et la modération sont vraiment les maîtres mots, c’est à dire que l’on peut bien évidemment manger de la viande et du poisson, pas seulement être végétarien, mais il faut manger modérément.

Vous avez parlé de l’importance de l’éducation, mais il n’est pas facile de sensibiliser les gens, surtout les plus jeunes, à l’importance d’une bonne hygiène de vie. De plus il y a une quantité croissance de publicités poussant les gens à se diriger dans la mauvaise direction. Quelle est votre opinion à propos de cela ?

C’est exact mais je vois quand même des messages à la télévision : « manger des fruits, manger des légumes » en tout cas en France on voit ce genre de messages dans les chaînes publiques de télévision, donc ça fait un peu compensation de, effectivement, cet excès de marketing. Il faut voir également que les grands supermarchés ont compris et mettent dans leurs rayons beaucoup d’antioxydants. Mais là il y a aussi un problème inverse c’est à dire qu’il ne faut pas que les gens croient qu’en mangeant beaucoup d’antioxydants, de plus en plus, ils vont réparer leurs problèmes et il faut un suivi médical pour la prise d’antioxydants qui ne sont pas, bien sûr, des aliments. Et ceci demande un contrôle médical, des prescriptions médicales, donc nous sommes actuellement dans une certaine confusion, j’espère que l’on pourra en sortir par la définition de produits naturels et un contrôle médical après des essais cliniques de ces produits en fonction de la personne, parce qu’il faut bien ajuster ces traitements, qui sont complémentaires, en fonction de la caractéristique génétique de la personne et celle de son environnement et à partir de tests que l’on aura fait sur cette personne avant de prescrire des antioxydants supplémentaires. Donc c’est aussi tout un contexte à créer et je déplore que la médecine s’y intéresse peu actuellement.

Et quels facteurs vont jouer un rôle clés dans cette évolution ?

Je pense effectivement que les campagnes des autorités publiques sont importantes, de ce fait on peut même prévoir des incitations financières par les décideurs politiques : des bonus, des malus, suivant le comportement des personnes, si elles ne suivent pas certains régimes ou si elles ne suivent pas certaines consultation, que l’on ne va pas évidemment rendre obligatoire, mais on peut les inciter par des crédits d’impôts par exemple. Et après il faut former les médecins qui ne sont pas préparés à ce genre de médecine nouvelle, préventive, et encore moins nous même : nous ne somme pas habitués à aller voir le médecin lorsque l’on est pas malade. Généralement on va chez le médecin en période de crise mais il faut apprendre à aller voir le médecin quand l’on n’est pas malade.

En tant que chercheur, qu’est-ce que vous pensez que l’on peut attendre de la recherche dans les cinq prochaines années ?

Alors j’espère que ce que je propose sera compris et développé, j’essaie moi-même d’y travailler, mais ça va prendre beaucoup de temps c’est une révolution culturelle, mentale, qui peut prendre plusieurs dizaines d’années je pense. Et je le répète il faut aussi remplir ce yatus qui existe avec les pays pauvres qui n’ont pas du tout la possibilité d’équilibrer leur alimentation comme je le vois souvent en Afrique et l’Afrique regorge de fruits et de légumes frais qui contiennent pleins de vitamines et malheureusement les gens ne les mangent pas et mangent simplement un peu de céréales et ont donc une alimentation déséquilibrée et sont eux-même en stresse oxydant ce qui favorise les infections car leur système immunitaire n’est pas en position optimale du fait de ce déséquilibre nutritionnel. Donc il y a beaucoup aussi à faire de ce côté là.

Donc vous pensez que l’objectif à atteindre est connu mais qu’il faudra du temps pour y arriver ?

Il faut du temps et des mobilisations comme moi par exemple pour essayer de renverser le courant actuel qui est très mauvais.

Merci Professeur Montagnier.

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